11 novembre 2006

Enfants perdus

Ce n’est peut-être qu’un fait divers, mais je me sens terriblement touchée par cette triste histoire. Une jeune fille de 16 ans a accouché d’un bébé qu’elle a abandonné dans un boisé. L’enfant est mort. On accuse aujourd’hui la mère « de meurtre au deuxième degré, d'infanticide, de négligence criminelle ayant causé la mort et d'abandon d'enfant. » On parle même de lui infliger une peine pour adulte. Comme le disait un avocat interrogé à la radio, cette jeune fille en détresse a besoin d’aide, mais voilà que le système judiciaire lui tombe dessus et la prend en exemple pour démontrer que l’irresponsabilité des jeunes en matière de sexualité doit être condamnée. Rien que ça.

Je suis mère d’une fille de 16 ans et jamais au grand jamais je ne la laisserais vivre une situation comme celle-ci sans lui offrir mon aide et mon appui. Nous avons discuté de l’avortement, de la contraception et de la sexualité suffisamment ouvertement pour qu’elle soit en mesure de prévenir une grossesse indésirée ou de prendre une décision si elle survenait.

J’imagine que cette jeune fille était terriblement seule et sans ressources, complètement terrorisée et incapable de gérer cette situation sans aide. De l’aide qu’elle n’a pas demandée. Elle-même s’est mise dans une situation où sa vie aurait pu être en danger.

Aujourd’hui, je me pose beaucoup de questions en rapport avec cet événement. D’abord, je n’ai pas peur d’affirmer que personnellement, malgré le décès de l’enfant, je ne condamnerais pas la mère mais je l’aiderais à se réhabiliter. Ensuite, je me demande pourquoi, dans une telle situation, on ne cherche pas aussi le père. Car lui aussi, tout autant que cette mère, est responsable de l’enfant qui n’a pas survécu.

Je souhaite que tous les regroupements de femmes soient solidaires pour empêcher la justice d’imposer une peine trop sévère à cette personne.