02 décembre 2007

Tout va bien docteur ?

Lorsqu’on entend que 30 % des Montréalais n’ont pas de médecin de famille, on se serre les fesses et on remercie le ciel d’en avoir un. Le mien est plutôt gentil et s’occupe principalement des suivis de grossesse (il y a une augmentation notable des grossesses au Québec actuellement), donc il est fort occupé. Je suis sa patiente depuis plus de dix ans, si mon souvenir est bon, et je le vois régulièrement pour mon examen annuel. Tout se passe bien.

Il y a quelques années, j’ai eu des problèmes de saignements menstruels très abondants causés par un fibrome utérin. La gynécologue que j’avais consultée à cette époque m’avait froidement suggéré de me faire enlever l’utérus pour régler le problème. Pas besoin de vous dire que j’ai rayé son nom de mon carnet d’adresses. Mon médecin de famille, lui, m’a suggéré d’essayer le Depo-Provera, un contraceptif aussi employé pour traiter l’endométriose. « Vous pouvez prendre ça jusqu’à la ménopause » m’a-t-il dit à l’époque, « et en général, ça arrête les menstruations. » Quelle femme ne souhaiterait pas interrompre ses menstruations quand ça fait plus de trois ans qu’elle saigne presque constamment? J’ai donc essayé le médicament en février 2000.

La première année a été un peu chaotique, mais mes recherches sur Internet m’avaient rassurée à cette époque, car plusieurs femmes confiaient qu’il fallait au moins un an au corps pour s’adapter. J’ai tout de même consulté un autre gynécologue, recommandé par mon médecin de famille, et celui-ci m’a suggéré de raccourcir le délai entre les injections. Ce délai peut varier de dix à treize semaines. Après quelques mois, mes menstruations ont complètement cessé, je n’avais plus de saignements intermittents et j’étais aux anges. Je n’ai jamais ressenti d’effets désagréables, à part une légère prise de poids.

Donc, à toutes les dix semaines, je me rendais à la clinique où l’infirmière me faisait mon injection. Un médecin devait signer une autorisation et vérifier si tout allait bien, sans plus. Ce n’est que récemment que le médecin qui devait signer l’autorisation m’a interrogée et s’est inquiété de la durée du traitement et de ses effets potentiels sur la densité osseuse. Je lui ai dit que je voyais mon médecin chaque année, que celui-ci renouvelait ma prescription depuis 2000 et qu’il ne m’avait jamais parlé de ma densité osseuse. Le médecin a alors rédigé une ordonnance pour un examen qu’il m’a recommandé de passer dans les plus brefs délais : l’ostéodensitométrie.

Les résultats de cet examen ont révélé qu’à quarante-huit ans, j’en suis déjà au stade de l’ostéopénie, c’est-à-dire le stade qui précède l’ostéoporose. C’est inquiétant. Des recherches sur Internet m’ont permis de faire le lien entre le Depo-Provera et l’ostéoporose. Un avertissement a été émis en 2005 par Santé Canada au sujet des dangers potentiels d’utiliser ce médicament à long terme. Une mise en garde apparaît sur la nouvelle monographie du médicament, que je n’avais pas consultée depuis des années. Ni mon médecin ni le pharmacien ne m’ont avisée de cette mise en garde. Bref, si le médecin de garde à la clinique ne m’avait pas prévenue…

J’ai vu mon médecin à la suite de ces résultats et je l’ai regardé un peu de travers. Celui-ci persiste à croire qu’il y a probablement d’autres raisons et m’a prescrit des examens sanguins dont j’aurai les résultats bientôt. Finalement, il refuse d’admettre qu’il a eu tort de ne pas me prévenir et moi je ne suis pas très à l’aise avec ce manque de professionnalisme. Je vais donc lui mettre sous le nez la mise en garde et lui demander de commenter.

Bien sûr, je cesse de prendre ce médicament. Mon médecin m’a prescrit un supplément de calcium et je repasserai l’ostéodensitométrie l’an prochain. Je ne sais pas comment mon corps va réagir. Mais chose certaine, c’est lui que je vais écouter.