31 août 2006

Décalage

Il y a quelque chose d’étrange dans l’air. On dirait que le temps est suspendu. D’habitude, dans les magasins, on trouve des vêtements d’automne dès la fin du mois de juillet. Hier encore, les petites camisoles d’été de toutes les couleurs se trouvaient en pile sur les comptoirs. Il fait chaud, c’est vrai, mais quand même, il y a matière à perplexité.

La semaine dernière, alors que toutes les piscines municipales étaient fermées, on nous annonçait les résultats de tests effectués sur l’eau. Tout le monde était heureux d’apprendre que nos enfants se sont baignés tout l’été dans une soupe de bactéries absolument dégueulasse. Merci pour l’avertissement, mais dorénavant, ne serait-il pas souhaitable que de telles études soient effectuées un peu plus tôt dans la saison?

Le magazine L’actualité nous annonce fièrement, pour la rentrée, la disponibilité d’un nouvel outil sur son site Internet. Il s’agit d’une base de données qui sert à comparer les résultats des écoles entre elles. Merci L’actualité, mais il est un peu tard pour nous aider à faire un choix éclairé non?

Trop tôt ou trop tard? Je ne sais trop, mais ce décalage m’inquiète un peu.

23 août 2006

Calories

Dans un ouvrage intitulé « « Si le monde était un village de 100 personnes /2: L'alimentation » , on mentionne que la production céréalière de la planète, si elle était partagée équitablement, suffirait à fournir une ration alimentaire quotidienne de 2 800 calories à chacun de ses habitants.

Lorsque j’ai lu cette phrase, j’en ai eu les larmes aux yeux. Qu’attendons nous?

J’ai besoin de 1929 calories par jour pour vivre. Je n’ai pas fait de calcul précis, mais je suis persuadée qu’il m’arrive d’en consommer beaucoup plus et parfois un peu moins.

Un muffin commercial fournit autant de calories qu’une frite. Les vitamines ne fournissent pas de calories. Ce sont les lipides qui en fournissent le plus.

Pour perdre une livre (450 g), il faut brûler 3500 calories de plus que ce que nous absorbons.

Une poutine (frites, fromage, sauce) grand format fournit 730 calories. Je n’ai jamais mangé de poutine de ma vie.

« Un impôt sur les produits hautement caloriques comme les boissons sucrées, les aliments de fast food et les gâteaux, pourrait contribuer à apporter une solution au problème de l’obésité », suggère un lecteur.

En ramenant le monde à une échelle de 100 personnes, on prend conscience que la moitié souffre de malnutrition, que notre voisin a faim, que ses enfants ne mangent pas un repas chaque jour; on s’aperçoit que notre autre voisin prend part à un somptueux banquet tous les soirs, ne se prive jamais de rien, et jette une quantité phénoménale d’aliments qu’il n’a pas consommé.

Trop pour l’un, pas assez pour l’autre.

Souvent je me demande pourquoi tant d’abondance ne se partage pas.


12 août 2006

La chance que j'ai


On ne peut pas ignorer la guerre. À la radio, à la télévision, dans les journaux, sur Internet, on en parle tous les jours et les témoignages des gens qui souffrent à cause d’elle me font sentir immensément privilégiée. Et comme bien des gens, je me demande pourquoi. L’explication est pourtant simple : les conflits entre les hommes, lorsqu’ils ne se règlent pas autrement, finissent toujours par une guerre. Je n’ai pas suffisamment de connaissances historiques dans mon bagage culturel pour écrire une thèse ni même un court texte sur la question. Mais ce que j’entends, ce que je vois et ce que je lis ne me laissent pas indifférente et j’essaie de comprendre. Et je ne comprends pas vraiment.


Il m’arrive souvent de penser à la chance que j’ai…

…d’être née au Canada;
Un enfant né en Europe ou aux Etats-Unis court 520 fois moins de risques de mourir de maladies diarrhéiques qu'un enfant d'Afrique subsaharienne, une région où 36 % de la population a accès à des moyens d'assainissement convenables.

En 2002, 37 % seulement des habitants des régions rurales avaient accès à des toilettes de base, contre 81 % des habitants des villes. C'est en Amérique latine/Caraïbes que ces disparités sont les plus frappantes, avec une différence de 40 points de pourcentage entre populations urbaine et rurale.

… de pouvoir boire l’eau du robinet;
Le manque d'eau salubre et de moyens d'assainissement est la cause de maladies dans le monde. En 2003, 42 % des ménages n'avaient pas de toilettes et une personne sur six n'avait pas accès à de l'eau salubre.

Les enfants paient un tribut particulièrement élevé. Environ 4 500 enfants meurent chaque jour de causes liées à de l'eau insalubre et au manque d'équipements sanitaires de base. De nombreux autres sont en mauvaise santé, voient leur productivité baisser et disparaître les possibilités de s'instruire.

Les femmes et les filles sont responsables de la corvée d'eau dans le monde. En moyenne, les femmes et les filles des pays en développement font 6 kilomètres à pied tous les jours pour aller chercher quelque 20 litres d'eau. Cela limite beaucoup le temps dont elles disposent pour d'autres tâches productives ou fréquenter l'école.

Source : Unicef


… d’’être en santé;

Le nombre de personnes vivant avec le VIH a désormais augmenté, pour atteindre son niveau le plus élevé jamais enregistré: plus de 40 millions de personnes vivent avec le virus et près de 5 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH en 2004 seulement.

Dans le monde entier l’épidémie de SIDA a tué plus de 3 millions de personnes au cours de la seule année écoulée.
Source : Association canadienne pour les Nations Unies


… d’avoir mis un enfant au monde;
Toutes les minutes, au moins une femme meurt dans le monde des complications de la grossesse ou de l'accouchement - soit un total de 529 000 décès par an. En outre, le nombre de femmes souffrant de lésions, d'infections ou de maladies liées à une grossesse ou à un accouchement est vingt fois supérieur - environ 10 millions de femmes par an.
Source : http://www.who.int/features/qa/12/fr/

… d’être en vie.
6,130,000 enfants de moins de cinq ans sont morts cette année;
1,751,029 personnes sont décédées à cause de la cigarette;
865,781 à cause du manque d’eau;
4,377,593 par malnutrition.

Et ça continue …http://gemthai.free.fr/statistiques.htm

Quelques statistiques mondiales

250 millions d'enfants sont encore exploités dans le monde. (Le Devoir, 13/12/04);
Un enfant sur deux doit lutter pour survivre, selon L'UNICEF;
Plus de deux milliards de personnes, dans le monde, vivent dans la misère absolue (Jean Ziegler);
La moitié des chômeurs sur la terre ont moins de 24 ans(Rapport du Bur. intern. du travail 2004);
Près du tiers de la population de Montréal vit dans la pauvreté (Le Devoir, 15/12/04);
Au Canada 300 000 enfants ont eu recours, aux banques alimentaires, en mars 2002 (La Presse 26/02/06);
Au Canada, 750 000 personnes, en mars 2002, ont eu recours au banque alimentaires ( La Presse 26/02/06);
Mensuellement, 53 831 personnes défavorisées, dont 40% d'enfants et 60% sont des mères seules responsables de famille, recourent à Moisson Laurentides pour manger à leur faim (Bilan-faim 2005-2006);
Les femmes possèdent moins de 1% des richesses de la planète alors qu'elles fournissent 70% des heures de travail et reçoivent seulement 10% des revenus (Site Internet de la marche mondiale des femmes);
Nous comptons 630 millions de sans-abri dans le monde(MTV);
11% de la population actuelle possède 86% de la richesse (L'Unicef);
La redistribution de seulement 1% du revenu mondial suffirait pour mettre fin à la pauvreté absolue;
Nous produisons de plus en plus de richesse sans que celle-ci profite à la collectivité (Gil Courtemanche, Le Devoir, décembre);
Loin de contribuer à réduire les inégalités entre les 20 pays les plus riches et les 20 pays les plus pauvres, les 40 dernières années ont vu la richesse par habitant des uns passer de 212$ à 267$ alors que celle des autres grimpait de 11 417$ à 32 339$ (OIT);
Chaque jour sur la planète, environ 100 000 personnes meurent de faim ou des suites de la faim;
824 millions de personnes souffrent de la faim (MTV);
La pauvreté dans le monde connaît un écart entre riches et pauvres de 26% (Le Devoir);
La pauvreté au Canada connaît un écart entre les riches et les pauvres de 26% (Le Devoir);
En investissant que 5% des sommes consacrées aux armements de par le monde, pendant 6 ans, on pourrait assurer des services essentiels et sûrs pour tous;
Le Bien Commun le plus précieux, c'est le fait d'agir en commun pour dépasser ensemble ce qui fait obstacle au progrès de tous et à l'épanouissement de chacun (Jouary, J.P., philosophe) ;

Source : http://mbl.clg.qc.ca/Statistiques%20mondiales.htm

05 août 2006

Métal masqué

Je demeure très perplexe après avoir visionné le documentaire réalisé par Sam Dunn, intitulé Métal, voyage au cœur de la bête. Selon moi, ce fan de musique Heavy Metal, devenu anthropologue, n’a pas réussi à bien exposer sa thèse ni à cerner les véritables raisons du succès de ce genre de musique auprès d’un certain public.

Pourtant, ce n’est pas la matière qui manque. Son tableau illustrant les nombreuses ramifications issues des premières branches de ce genre musical réfutait avec éloquence les discours des adeptes qui tentaient désespérément de nous faire croire en leur marginalité. Comment peuvent-ils se qualifier de marginaux quand ils sont des milliers à répéter les mêmes gestes, à se coiffer et à s’habiller selon le même code?

Les lutteurs aussi se déguisent et s’inventent des personnages pour faire leur spectacle. J’y ai vu une étrange ressemblance avec les membres des groupes qui portent des masques et crachent leur violence aux milliers de spectateurs qui en redemandent.
Dans le documentaire, nombreux sont les fans et les musiciens qui expriment un certain mépris face à ceux qui, soi-disant, ne sont pas d’accord avec eux, ne pensent pas comme eux, ne s’habillent pas comme eux ou les critiquent. J’y vois une grande paranoïa car en matière de musique, tout est une question de goût et je n’ai jamais vu quelqu’un injurier une personne simplement parce qu’elle apprécie la musique Heavy Metal.

Chose certaine, le documentaire a piqué ma curiosité. Je crois que le sujet mérite une plus grande attention, puisqu’il s’agit d’un phénomène aux nombreuses facettes et qu’il touche particulièrement les adolescents. Cette tendance serait d’ailleurs, à elle seule, un sujet de thèse fort intéressant. J’avoue qu’au niveau comportemental, certains musiciens interviewés semblaient éprouver de sérieux problèmes mentaux, alors que d’autres ont fait preuve d’une lucidité étonnante. Mensonge ou vérité? Comment juger de la sincérité d’une personne qui porte un masque?

02 août 2006

L'essence et la vie

Tout près de chez moi, une station-service affiche un prix de 2,08 $. Il n’en fallait pas plus pour que la rumeur commence à circuler. C’est dans la salle de lavage de l’immeuble où j’habite qu’une dame m’a annoncé la nouvelle. « L’essence est 2,00 $ le litre » a-t-elle déclaré. « Vous avez une voiture? » Oui, ai-je répondu en avalant difficilement ma salive.

Je n’ai pas réfléchi à la question tout de suite, trop occupée à terminer ma lessive et à ranger les vêtements. Plus tard dans la soirée, après un repas un peu trop copieux, j’ai proposé à mon copain d’aller faire une promenade. C’est à ce moment que nous avons aperçu le panneau qui, étrangement, indiquait 2,08 $ d’un côté et 1,08 $ de l’autre. Par contre, la pompe indiquait 1,08$. Puisque la station était fermée, j’ai conclu que quelqu’un avait peut-être voulu faire une blague. Mais alors pourquoi la dame, qui n’avait pas de voiture, m’aurait-elle annoncé la nouvelle? Avait-elle été victime, comme nous, de la supercherie?

Nous nous sommes mis à douter. Puis, nous avons discuté des conséquences d’un bond de 1,00 $ dans le prix du litre d’essence. Personnellement, je ne voyais pas comment j’allais pouvoir gérer mon budget après une telle augmentation. Nous observions les voitures qui circulaient dans la rue, interrogeant du regard les conducteurs inconscients qui brûlaient le précieux liquide sans aucune retenue. Tout à coup, c’était comme si tout devait s’arrêter. Allions-nous vendre nos voitures? Quel serait le prix des transports en commun? Et les conséquences sur notre économie?

Je ne suis pas de nature très optimiste, mais là, le pessimisme commençait à m’envahir sérieusement. En écoutant les bulletins de nouvelles de fin de soirée, nous avons constaté que personne ne mentionnait cette terrible augmentation. Le lendemain, nous avons vérifié le prix à une autre station-service, pour nous rendre compte qu’il s’agissait bien d’une fausse alerte. Ce fut un soulagement.

Cette petite aventure m’a beaucoup fait réfléchir. En quelques minutes, j’ai senti que ma vie pouvait être sérieusement affectée par une hausse du prix de l’essence. Que je devrais peut-être renoncer à certains loisirs, déménager, ne plus faire de voyage, me serrer la ceinture, juste à cause du prix de l’essence.

La station affiche toujours le prix de 2,08 $ du côté est. Elle était fermée ce matin.